BoisTonThé
Compagnie de théâtre
La Cie présente une lecture théâtralisée de Le Dernier asile de Soutine.
(Extrait)
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UNE FEMME NOUéE de Catherine Gomez Crouvizier
Avec Catherine Gomez Crouvizier et Véronique Banchereau
Mise en scène, scénographie Jean-Bernard Ach
Musique Renan Crouvizier
Régie lumière Pascal Chicoisne
Durée : 1H 30
Public : ADULTES ET ADOLESCENTS
Synopsis
Sylvie et sa sœur se retrouvent après la mort de leur père.
Trente ans se sont écoulés depuis que cette dernière a brutalement quitté la maison familiale.
Elle découvre une Sylvie troublante voire inquiétante. Sylvie doit donc intégrer un centre de soins. Avant de
quitter sa maison cependant une question lui vient à l’esprit : a-t-elle été heureuse ?
Un retour dans le passé, récent ou lointain, nous fait découvrir les « nœuds » de sa vie et ses secrets, aussi.
Une vie où l’oubli est peut-être le seul asile contre la colère et les regrets.
La pièce "Une femme nouée" est née durant le (premier) confinement, de l’envie d’approfondir un personnage féminin, celui de Marie-Berthe qui intervient dans « Soutine, Champigny-sur-Veude, 1943 » écrit il y a quelques années...
À nouveau, il apparaît dans une scène d’une autre de mes pièces, « Des cœurs suspendus », et se nomme déjà Sylvie. J’ai repris et me suis appuyée sur de nombreuses répliques de cette scène pour créer ce personnage.
L’opportunité de jouer avec une amie, lors de la première mise en scène, avait orienté le choix des personnages, de l’intrigue, du rythme...
Pendant de longs mois, au fil des répétitions, nous avons peaufiné le texte, fait des choix de mise en scène, de décor, de musique…
Quelques mois après, Jean-Bernard Ach nous a rejointes et nous a aidées à préciser notre jeu, notre mise en scène et à rendre plus claires nos intentions.
L'intention de l'auteure
Dans cette pièce, j’ai voulu montrer comment survit une femme, Sylvie, dont l’enfance a été ligotée, asphyxiée, salie et quels ressorts elle active pour, sinon se libérer, du moins respirer.
Depuis la mort de son père, Sylvie pourrait se sentir soulagée mais, paradoxalement, elle a encore besoin de ce "tuteur" qui la maintenait.
Le champ lexico-sémantique du laçage, du nouage est, à ce propos, largement développé tout au long de la pièce par Sylvie elle-même. Métaphoriquement, elle nous révèle, à son insu, cette vision qu’elle a d’elle-même : un pied de tomates tenu par un tuteur.
À cette relative stabilité du passé, succèdent, maintenant, le mouvement, la nouveauté, le changement, en résumé, tout ce qui habite une vie et qui effraie Sylvie.
Pour elle, la vie s’apparente à une traversée en bateau : « suivre le mouvement des vagues, garder l’équilibre et les pieds sur le pont ! ». Elle s’est toujours battue pour trouver l’équilibre indispensable pour « mener sa barque » et c’est, d’ailleurs, une traversée (une vraie traversée, cette fois-ci) qui la coupa de son enfance, de sa mère patrie, de son amour.
Déracinée, exilée, elle l’est aussi d’elle-même. Comment Sylvie peut-elle savoir ce qu’elle désire quand elle n’a eu le droit que d’obéir aux règles paternelles et de « filer droit » ?
Elle fait tout pour croire qu’elle a réussi sa vie. Il lui suffit de se dire qu’on a fait les meilleurs choix pour elle et qu’elle a reçu l’éducation appropriée pour être une « femme honorable et heureuse ».
Elle aurait pu s’accrocher à cette illusion toute sa vie durant mais une histoire (« un truc pour les gosses ») va tout faire basculer : un épisode de la mythologie qui va ouvrir la boîte de Pandore.
Seul l’inconscient de Sylvie fait le lien entre ce récit et sa vie, son enfance. Sylvie, elle, en est incapable car c’est justement cette ignorance qui lui a permis de « tenir sur ses deux pieds », comme elle le dit.
Un célèbre héros de la mythologie, Œdipe, se crève les yeux pour se punir et en référence à son insistance à découvrir la vérité et à y voir clair.
La vie de Sylvie aurait pu être une tragédie, comme celle d’Œdipe, mais elle, a préféré s’amputer de sa mémoire afin d’enfermer tous les traumatismes subis.
La pièce commence dans le présent, retourne dans le passé et revient dans le présent. Cette boucle est aussi celle du fil de pensée de Sylvie. Enfermée dans ce cercle, elle peut se bercer de sa vérité, ses rêves et continuer de vivre.
Sylvie n’est pas folle. Elle n’est pas, non plus, une héroïne mais seulement une femme qui cherche de toutes ses forces - et comme chacun de nous - un moyen de vivre, de sur-vivre.
Mai 2021
(Antigone et Oedipe,
Aleksander Kokular, 1825)